LE MICROBIOTE VAGINAL, UN EQUILIBRE FRAGILE ?
Même si l’enfance demeure la période bénie de la tranquillité, depuis leur plus jeune âge, les femmes savent que leur sphère intime mérite une attention particulière. Elles apprennent à l’entretenir, assurer sa propreté sans toutefois l’agresser sous peine d’avoir des douleurs immédiates.
D’ailleurs, certains bébés ou de très jeunes filles peuvent avoir des problèmes en déclarant des infections urinaires.
L’adolescence, les rapports sexuels, les grossesses, la ménopause sont des étapes plus ou moins faciles pour les femmes. Nous estimons qu’environ un tiers des femmes vont connaître des problèmes récurrents au cours de leur vie : succession de mycoses vaginales, de vaginoses, et/ou de cystites ou d’infections urinaires.
Ces pathologies sont bien souvent très mal vécues par les femmes. Elles peuvent provoquer des douleurs très vives, un inconfort permanent, des brulures, des démangeaisons fréquentes. Leur succession peut impliquer une mauvaise image de soi, rendre difficile la vie de couple, bref gâcher la vie des femmes.
Avec cet article, je vous propose de bien comprendre la composition de votre microbiote vaginal et son rôle, de vous aider à mieux comprendre les causes de son déséquilibre, et vous apporter des solutions naturelles pour vivre sereinement votre vie intime.
Qu’est-ce que le microbiote vaginal et quel est son rôle ?
Le microbiote ou flore vaginale est peuplé de deux catégories de micro-organismes différents :
· Dans une grande majorité des « bonnes » bactéries de la famille des lactobacillus (L. Gasseri, L.Crispatus, L.Rhamnosus, L.Jensenii, L.Iners…). Ces lactobacillus sont appelées la Flore de Döderlein.
J’ai pour habitude de les appeler les Gardiennes du Temple pour leur rôle protecteur. Ces bactéries représentent environ 90% de la population totale du microbiote lorsqu’il est équilibré. Elles garantissent une véritable barrière aux autres bactéries et au développement des champignons grâce à la production d'acide lactique.
· Les 10% restants est composé d’autres bactéries potentiellement pathogènes : l’E. Coli ou le Gardnerella Vaginalis, mais aussi des champignons comme le Candida Albicans, et des virus comme le Papillomavirus.
Ainsi, le microbiote vaginal est un écosystème dans lequel cohabitent une diversité d’individus qui vivent en bonne intelligence avec la présence forte des Gardiennes du Temple garantissant une paix durable.
Le rôle de la muqueuse vaginale :
La muqueuse vaginale (ou épithélium) est un peu comme la terre qui accueille et favorise le développement des plantes, c’est-à-dire la flore vaginale.
Son épaisseur se modifie sous l’influence des modifications hormonales mais aussi à cause d’une situation inflammatoire (maladies, succession d’infections vaginales, endométriose…).
Nous verrons en détail les causes de l’inflammation ci-après.
Lorsque la muqueuse vaginale dispose d'une bonne épaisseur, elle est alors capable de fabriquer les conditions idéales d’un terrain fertile, le glycogène, susceptible de favoriser le développement des Gardiennes du Temple.
Le glycogène est produit par les œstrogènes, qui varient tout au long du cycle féminin.
Grâce au glycogène présent dans la muqueuse vaginale, les Gardiennes du Temple vont réaliser une fermentation et produire de l’acide lactique. La présence de cet acide lactique est primordiale pour maintenir le pH du vagin entre 4 et 4,5 (acide), et donc le protéger contre les bactéries, virus ou champignons indésirables, qui proviennent de l’intestin, via le rectum.
En effet, les Gardiennes du Temple ne craignent pas ce milieu acide, alors que cette acidité favorise empêche le développement des autres individus.
L'importance des prélèvements vaginaux
Bien souvent les femmes qui me consultent pour un problème récurrent de mycoses ou de vaginoses me disent que leur médecin ou gynécologue ne leur a pas fait faire de prélèvement.
Elles sont trop souvent traitées à l'aveugle sans réellement savoir si elles ont véritablement une mycose vaginale, une vaginose ou une inflammation de la muqueuse vaginale.
Pourtant seul un prélèvement peut renseigner sur d'une part la qualité de la flore vaginale (flore de Doderlein) et d'autre part, la présence ou non de Candida Albicans ou autre champignon, ou d'une vaginose à Gardnerella vaginalis par exemple.
Certains laboratoires déterminent le score de Nugent qui correspond à la qualité de la flore.
Ce score est établi sur échelle de 1 à 10. Un score supérieur à 6 désigne une flore vaginale très pauvre susceptible de déclencher des vaginoses et/ou des mycoses.
Un score situé entre 3 et 6 désigne une flore déséquilibrée. Un score supérieur à 8 traduit une flore de Doderlein totalement absente.
Le prélèvement analyse les bactéries présentes ainsi que la population de candida albicans avec ou sans filaments mycéliens, sachant que la présence de ces filaments désigne une mycose vaginale plus invasive.
En conséquence, il apparaît très important de demander à faire un prélèvement pour être en mesure d'entreprendre un traitement adapté.
L’évolution du microbiote vaginal au cours de la vie des femmes
La vie des femmes est jalonnée d’épreuves plus ou moins douloureuses imposées par l’évolution de son système hormonal. Nous allons voir que la flore vaginale est fortement influencée par la modification des hormones sexuelles, selon les cycles, les rapports sexuels, la grossesse, ou encore la ménopause.
Evolution du microbiote au cours du cycle menstruel :
La présence d’hormones sexuelles féminines œstrogènes et progestérone est variable en fonction du cycle :
Au 1er jour des règles, le cerveau sécrète de la FSH, une hormone permettant la stimulation de follicules, pour favoriser l’ovulation. Cette hormone travaille pendant 14 jours pour permettre la maturation du futur ovule.
Au 14ème jour du cycle, les taux sanguins sont élevés, l’ovulation a lieu et l’ovaire commence à sécréter de la progestérone qui a pour rôle principal d’épaissir la paroi interne de l’utérus (l’endomètre) et préparer l’utérus à recevoir l’œuf.
Après l’ovulation, le taux sanguin des hormones chute et provoque le saignement de l’endomètre.
Pendant les règles le pH de la flore vaginale augmente. Ce qui provoque une diminution de la population des Gardiennes du Temple et une diminution de l’acide lactique.
Le terrain est alors plus favorable au développement des bactéries pathogènes ou du Candida Albicans.
Cela explique pourquoi certaines femmes déclarent avoir des crises tous les mois après les règles.
Le saviez-vous ?
La modification du pH pendant les règles favorise particulièrement les mycoses vaginales ou les vaginoses chroniques qui se déclenchent alors les jours suivant l’arrêt des règles.
La puberté
La période de l’adolescence est particulièrement compliquée pour les jeunes femmes. Le « bouleversement hormonal » n’est en réalité rien d’autre que l’arrivée des hormones sexuelles telles que les œstrogènes.
Cette période est variable d’une personne à l’autre, mais elle se situe dès l’âge de 8 ans jusqu’à 14 ans. Les ovaires produisent des œstrogènes sous l’influence d’hormones provenant de l’hypophyse. Outre les changements visibles sur les jeunes filles : poussée d’acné, prise de poids, augmentation de la pilosité, premières règles ; un tout autre bouleversement invisible survient. C’est la naissance du microbiote vaginal.
Avec l’épaississement de la muqueuse vaginale permettant la fabrication du glycogène, les lactobacilles provenant du système digestif vont migrer via le rectum et se développer dans ce milieu favorable.
Les premiers rapports sexuels
Dans la majorité des cas, les premiers rapports sexuels ne perturbent pas une flore vaginale de bonne qualité. Toutefois, ces premiers rapports peuvent marquer le début des ennuis. C’est le cas lorsque la flore vaginale n’est pas suffisamment peuplée des Gardiennes du Temple.
En effet, le microbiote doit pouvoir être en mesure de rencontrer la flore étrangère du partenaire ! Chaque microbiote est propre à chacun, c’est un peu comme une carte d’identité. Le fait de se confronter à une flore qui n’est pas la sienne peut perturber votre propre flore et déclencher des mycoses ou des vaginoses.
La grossesse
La femme enceinte produit davantage d’hormones et surtout des œstrogènes et des progestatifs de manière brutale. Cette augmentation rapide entraîne une modification de la paroi vaginale, affaiblissant l’équilibre du microbiote, favorisant l’apparition des mycoses vaginales.
Le 3ème trimestre de grossesse ainsi que la période suivant l’accouchement sont les périodes les plus à risque concernant les mycoses vaginales.
Une précision importante, les mycoses vaginales n’empêchent pas de tomber enceinte et n’atteignent pas le fœtus. Elles ne représentent pas de danger pour son développement.
En revanche, il est impératif de traiter la mycose avant l’accouchement car l’enfant peut se trouver contaminé à la naissance.
La ménopause et la préménopause
La diminution brutale ou progressive des œstrogènes provoque une diminution des Gardiennes du Temple, une modification de la paroi vaginale, ainsi qu’une diminution des sécrétions induisant une sécheresse vaginale. L’ensemble de l’écosystème est mis à mal !
C’est la raison pour laquelle certaines femmes n’ayant jamais eu de troubles auparavant, voient apparaître un inconfort, des démangeaisons, une sensation de pression constante et même des mycoses ou des cystites.
Les causes du déséquilibre de la flore vaginale
Les causes du déséquilibre de la flore vaginale sont bien souvent multiples.
On peut distinguer les causes ponctuelles liées à des événements particuliers, comme, par exemple la prise d’antibiotiques, ou la pose d’un stérilet, des causes plus profondes, liées à des évènements plus anciens avec des conséquences plus définitives sur le fonctionnement de l’organisme.
Les causes ponctuelles
Plusieurs éléments ou événements peuvent venir perturber la flore vaginale :
o La multiplication des partenaires : un rapport sexuel, du point de vue de votre microbiote, n’est rien d’autre que la rencontre d’un autre microbiote. La multiplication des partenaires provoque à chaque fois une lutte armée de vos Gardiennes du Temple. Or, dans l’hypothèse où elles ne sont pas suffisamment nombreuses, elles peuvent ne pas résister et s’adapter à ces invasions.
o La fréquentation des piscines traitées au chlore : Les traitements doivent être suffisamment forts pour lutter contre les bactéries et champignons auxquelles elle est constamment exposée. Le traitement au chlore décape votre flore vaginale et la fragilise considérablement. Ce phénomène est amplifié par le port du maillot de bain mouillé pendant quelques heures. Les champignons trouvent alors leur terrain de jeu favori, chaleur, humidité pour se développer !
o La pose d’un stérilet : qu’il soit au cuivre ou hormonal, les stérilets ont un inconvénient majeur pour la flore : leur fil ! En effet, les bactéries et le Candida Albicans s’y accrochent comme des moules à un rocher. Beaucoup de mes consultantes qui avaient constamment des troubles de leur sphère intime ont vu une nette amélioration en enlevant leur stérilet !
o Les traitements hormonaux non adaptés : une pilule ou un traitement hormonal trop forts peuvent déséquilibrer fortement le microbiote. En effet, un apport d’œstrogènes trop brutal aura les mêmes inconvénients que ceux subis par les femmes enceintes.
o Des douches vaginales fréquentes : votre sphère intime se débrouille en principe très bien toute seule ! Pratiquer des douches vaginales répétées au savon a un résultat catastrophique sur l’écosystème. Pour se laver, l’eau pure suffit dans la majorité des cas.
o De mauvais gestes pour s’essuyer aux toilettes : les bactéries pathogènes et les champignons migrent du rectum vers le vagin. Le bon geste : toujours s’essuyer de l’avant vers l’arrière.
o Dormir en culotte : Que ce soit en été ou en hiver, la nuit on transpire beaucoup. Dormir en culotte ou en shorty favorise le développement des bactéries et des champignons avec la chaleur et l’humidité en milieu clos.
o Les traitements antibiotiques : Bien qu’ils soient parfois inévitables et très efficaces pour endiguer une infection, les antibiotiques ont un inconvénient majeur, ils détruisent non seulement les bactéries pathogènes, mais aussi les Gardiennes du Temple. C’est la raison pour laquelle il est conseillé de prendre des probiotiques en même temps ou juste après un traitement antibiotique pour éviter de déséquilibrer le microbiote intestinal et vaginal, et essayer, autant que possible de ne pas trop multiplier les traitements.
Le Saviez-vous ?
Votre partenaire sexuel masculin n’est pas responsable de vos mycoses vaginales chroniques. Il peut être affecté ponctuellement par le Candida Albicans mais celui-ci disparaît rapidement, ne trouvant pas le milieu adapté à son développement.
Les causes profondes liées au système digestif
La flore intestinale ou « microbiote » est constituée de 10 milliards de bactéries, mais aussi de virus, de champignons et de parasites. La composition précise du microbiote intestinal est propre à chaque individu. Dans la majorité des cas les familles de bactéries sont à dominantes de firmicutes (60 à 75%) et de bactéroïdes (30 à 40%), le reste étant constitué des actinobactéries et protéobactéries.
Ces familles de bactéries composent un écosystème bénéfique au bon fonctionnement de l’organisme.
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est en réalité un déséquilibre de cet écosystème. C’est alors que surviennent des troubles digestifs comme la constipation, la diarrhée ou une alternance des deux, due à une porosité intestinale - Hyperperméabilité Intestinale-, et une dysbiose -déséquilibre de la flore intestinale.
o Hyperperméabilité Intestinale (ou porosité intestinale)
La muqueuse intestinale, organe clé de l’immunité du système digestif, joue un double rôle primordial dans le système digestif :
- un rôle protecteur vis-à-vis des microparticules alimentaires, des bactéries pathogènes, des virus et du Candida Albicans contenus dans celles-ci.
- Un rôle d’assimilation des vitamines, minéraux, oligo-éléments et des fibres pour nourrir et favoriser le renouvellement de la flore intestinale.
Cette muqueuse constitue la paroi de l’intestin grêle, chargé d’assimiler les nutriments. Revêtue d’un épithélium mince, elle est constituée de microvillosités très finement plissées.
Lorsque la muqueuse s’érode, c’est-à-dire que ses jonctions serrées se distendent comme les wagons d’un train, la muqueuse intestinale ne peut plus assurer son rôle protecteur et les individus indésirables pénètrent dans le système digestif, appauvrissant du même coup la flore intestinale. Il pleut dans votre maison digestive.
Cette situation a de nombreuses conséquences sur l’organisme :
- Troubles digestifs : SII, diarrhées et/ou constipation, gaz, ballonnements, douleurs abdominales
- Déminéralisation
- Dysbiose
- Fatigue chronique
- Favorise les maladies chroniques inflammatoires
- Surcharge du foie
- Maladies métaboliques comme le diabète ou le prédiabète
Ces troubles du microbiote digestif ont également plusieurs causes :
Ø Une alimentation pauvre en fibres (légumes et céréales complètes ou semi-complètes) et trop riche en glucides (sucres et féculents).
Pour se renouveler, le microbiote a constamment besoin de nutriments : fibres, vitamines, minéraux et oligoéléments qu’il va trouver dans notre alimentation. Sans cet apport quotidien et régulier, le microbiote voit sa population de bactéries « amies » diminuer, au profit des autres potentiellement pathogènes, comme l’E. Coli ou l’Helicobacter Pilori. Le Candida Albicans, va également en profiter pour se développer et coloniser les intestins. Une candidose peut alors apparaître.
Ø Un stress, un choc émotionnel ou un déséquilibre du système nerveux : Le stress répété, un choc émotionnel profond va considérablement impacter la muqueuse intestinale en déséquilibrant l’équilibre acido-basique. Ce milieu déséquilibré abîme progressivement la muqueuse en favorisant une hyperperméabilité intestinale.
Ø Anorexie, boulimie, hyperphagie… les troubles du comportement alimentaire détruisent la flore intestinale et favorisent également l’hyperperméabilité intestinale.
Comment la flore vaginale est-elle impactée par une mauvaise flore intestinale ?
Lorsque la population des lactobacilles, -nos Gardiennes du Temple-, n’est pas suffisante dans le système digestif, cela créée un terrain favorable au développement des bactéries pathogènes ainsi que les champignons. Ils envahissent alors le système digestif.
La flore vaginale dispose, nous l’avons vu de son propre écosystème, sauf qu’elle est particulièrement impactée par les individus « dangereux » provenant du système digestif par le tractus situé entre le rectum et le vagin.
Progressivement, la flore vaginale va sa modifier et se laisser envahir à son tour par les éléments pathogènes de la flore intestinale.
Il s’agit alors de la cause principale du développement des troubles de la sphère intime (mycoses vaginales, vulvo-vaginites, vaginoses, cystites) et ses symptômes douloureux (brulures, démangeaisons, irritations)
Comment agir naturellement pour rééquilibrer la flore vaginale ?
Ø Réparer la muqueuse intestinale, calmer l’inflammation, repeupler la flore intestinale : une fois les causes extérieures exposées ci-dessus éliminées (prise d’antibiotiques, bains en piscine, lavages trop fréquents, pose d’un stérilet…), il est absolument nécessaire d’entreprendre un vrai travail sur le système digestif.
Cela passe par des corrections alimentaires, des régimes spécifiques selon les cas (candidose, Sibo, intolérances alimentaires) ainsi que par des compléments naturels pour aider à reconstituer la muqueuse et calmer l’inflammation
Ø Rééquilibrer, calmer l’inflammation, réparer la muqueuse vaginale et refaire la flore vaginale. Pour vous accompagner au mieux dans ce rééquilibrage, il est très important, avant les séances de faire établir un prélèvement vaginal qui renseigne précisément sur la situation de votre flore et votre muqueuse vaginales.
Ø Le protocole sera adapté selon qu’il y ait un simple déséquilibre de la flore avec une sécheresse vaginale, ou des mycoses vaginales à Candida Albicans, une vaginose avec ou sans Gardnerella vaginalis.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter sur mon site via la page Contact.