Delphine GUILLOUX
Naturopathe à Annecy

CYSTITES CHRONIQUES - COMPRENDRE LE BIOFILM PATHOGENE


Les cystites chroniques, -infection de la vessie- sont le cauchemar de près de 25% plupart des femmes. Elles subissent des épisodes de crises particulièrement douloureuses qui surviennent, allez savoir pourquoi, le dimanche soir à 23h, ou pendant leurs vacances à l’autre bout du monde…

Pour certaines ces crises surviennent tous les mois après leurs règles, ou après chaque rapport sexuel.

La première solution proposée pour lutter contre ces cystites ce sont des antibiotiques ciblés. Pourtant, malgré leur efficacité antibactérienne, les crises se multiplient rendant les antibiotiques de moins en moins efficaces.

De plus, la prise d’antibiotiques répétés n’est pas sans conséquences sur l’organisme. Les antibiotiques ont une incidence directe sur la qualité du microbiote intestinal pouvant le détériorer et ouvrir la voie à d’autres pathologies comme une dysbiose, une candidose digestive, ou des mycoses vaginales.

Quelle sont les causes de ces cystites récidivantes, et comment faire pour se sortir de ce cercle vicieux ?

Nous allons voir de quelle manière ces bactéries pathogènes s’organisent entre elles pour former une sorte de rempart contre les antibiotiques en fabriquant un biofilm. Une fois ce biofilm bien installé, les antibiotiques sont inefficaces et c’est la raison pour laquelle il est alors inutile d’enchaîner ces traitements.

Il est tout à fait possible de détruire ce biofilm et lutter contre ces infections par des méthodes naturelles et retrouver une vie normale, définitivement sans cystites.

 

Qu’est-ce qu’une cystite bactérienne ?

La cystite bactérienne est une inflammation de la vessie, causée dans 90% des cas par une entérobactérie, Escherichia Coli (E. Coli) ou dans de plus rares cas Proteus, Klebsiella, Enterocoques ou Streptocoques.

Ces bactéries se développent anormalement dans le microbiote intestinal ou la flore vaginale et migrent dans le système urinaire et dans la vessie pour s’y développer.

Les symptômes de la cystite

-         Envies fréquentes d’uriner alors que la vessie est vide.

-         Miction de quelques gouttes

-         Sensation de brulures très vives en urinant

-         Fièvre et courbatures légères

-         Urine trouble et malodorante

-         Urine colorée (quelques traces de sang) en fin de miction

-         Douleurs ou sensation de pesanteur au niveau du ventre

-         Fatigue, perte d’énergie

-         Rapports sexuels douloureux

On parle de cystites récidivantes à partir de plus de 4 épisodes par an.

Le lien entre microbiote intestinal et cystites récidivantes

Le microbiote intestinal est constitué de nombreuses familles de bactéries, champignons, virus etc… Sa diversité de population avec une majorité de « bonnes bactéries » comme les bifidobactéries et les lactobacilles, garantit un bon système digestif mais également un bon système immunitaire, un système endocrinien qui fonctionne bien, un bon système nerveux, bref, le microbiote intestinal agit à tous les étages et il doit être de bonne qualité.

Plusieurs études scientifiques* ont démontré que les femmes ayant des cystites chroniques présentent également un microbiote déséquilibré (dysbiose).

Une dysbiose intestinale produit une inflammation intestinale provoquant des troubles digestifs plus ou moins douloureux, des ballonnements, des gaz, de la constipation, des diarrhées ou une alternance des deux.

Cette inflammation intestinale entraîne des conséquences directes sur la porosité de la muqueuse intestinale qui n’est plus en capacité d’absorber correctement les bons nutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments) nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme.

En conséquence, tous les grands systèmes vont être impactés : digestif bien entendu, circulatoire, endocrinien, nerveux. Cette situation implique une baisse du système immunitaire (allergies, infections respiratoires…) et bien souvent, un déséquilibre de la sphère vaginale, impliquant un syndrome uro-génital (SGU) avec des cystites à répétition et également des mycoses vaginales.

En effet, la raréfaction des « bonnes bactéries » dans l’intestin et dans la sphère vaginale favorise le développement des bactéries comme E. Coli ou d’autres bactéries pathogènes qui vont se nicher en priorité dans la vessie, et le développement du candida albicans (ou autre champignon) dans la sphère vaginale.

 

*News Medical Life Sciences. What Role do Microbiomes Play in Urinary Tract Infections? (31/08/23) https://www.news-medical.net/health/What-Role-do-Microbiomes-Play-in-Urinary-Tract-Infections.aspx

*Akgül T, Karakan T. The role of probiotics in women with recurrent urinary tract infections. Turk J Urol. 2018;44(5):377-383

Les causes multiples du déséquilibre

  • Les antibiotiques, nous l’avons vu, peuvent être à l’origine de ce déséquilibre du microbiote mais pas uniquement.
  • Le stress chronique est une source de déséquilibre car il modifie l’équilibre acido-basique de l’organisme qui « s’acidifie » progressivement
  • Une alimentation trop pauvre en fibres, légumes et fruits et trop riche en glucides (féculents et sucres) et en produits industriels
  • Les perturbateurs endocriniens qui modifient le comportement des œstrogènes et de la progestérone chez les femmes
  • Les TCA (troubles du comportement alimentaire). Même une période assez courte à l’adolescence d’anorexie et/ ou de boulimie perturbe durablement le microbiote intestinal et vaginal.

Les premières mesures à prendre en prévention les crises

  • Boire suffisamment de l’eau pure tout au long de la journée (environ 1,5 L)
  • Ne pas se retenir d’uriner et y aller systématiquement au minimum toutes les 4 heures.
  • Vider sa vessie systématiquement après les rapports sexuels
  • Eviter absolument les spermicides comme moyen de contraception car cela déséquilibre la flore vaginale.
  • Eviter tout sous-vêtement en synthétique, les strings, les vêtements de sport en synthétiques, les pantalons trop serrés
  • S’essuyer d’avant en arrière après être allée à la selle
  • Eviter les lavages excessifs avec des produits lavants qui détruisent la flore. Dans la plupart des cas l’eau claire suffit ou un peu de savon neutre.

Les traitements habituellement proposés en cas de cystites

Le médecin va habituellement proposer un antibiotique, le plus souvent le Monuril (fosfomycine trometanol) proposé en 1 prise pour calmer les douleurs, et il va proposer de faire un ECBU pour identifier le germe. Selon le résultat, il proposera peut-être un autre antibiotique, mais en tout état de cause, le traitement sera à base d’antibiotiques.

Ces traitements sont très efficaces sur les cystites ponctuelles et non chroniques, à condition de ne pas voir de troubles digestifs. Certains médecins proposent une prise de probiotiques en post traitement mais c’est loi d’être une majorité.

En tout état de cause, dès lors que ces cystites surviennent régulièrement, il apparaît alors que ces traitements antibiotiques vont avoir un effet dévastateur sur le terrain, c’est-à-dire qu’ils vont davantage déséquilibrer le microbiote intestinal et donc favoriser la survenue de la prochaine crise.

Récemment, une de mes consultantes qui souffre de cystites et de mycoses tous les mois depuis des années s’est vu prescrire le fameux Monuril 1 fois par semaine en continu ! Non seulement ce traitement est totalement inefficace (ces crises n’ont jamais cessé), mais en plus ces problèmes digestifs se sont amplifiés ainsi que ses mycoses vaginales…

De plus, la succession d’antibiotiques implique la formation, par les bactéries pathogènes d’un biofilm, sorte de rempart contre les antibiotiques qui va donc les protéger et rendre ces traitements totalement inutiles.

La fabrication du biofilm pathogène

Les bactéries s’organisent donc entre elles pour fabriquer une substance polymérique extracellulaire. Ce biofilm comporte des communautés microbiennes structurées et des cellules fongiques, c’est-à-dire qu’il est composé de bactéries et de champignons. Ces individus non désirés vont squatter tranquillement tant qu’ils sont protégés par la matrice qu’ils ont produites.

Ces individus sont tellement bien cachés qu’ils n’apparaissent pas toujours dans le résultat des prélèvements vaginaux.

La résistance bactérienne aux antibiotiques est fortement augmentée lorsque les bactéries sont enfermées à l’intérieur du biofilm.

Ce biofilm peut se former très rapidement : on estime que le temps nécessaire à la synthèse de la matrice du biofilm est de l’ordre de 72 heures.

La chronicisation des infection uro-gynécologiques cause alors des dommages importants sur les muqueuses, donnant lieu à l’instauration d’une inflammation chronique de ces dernières.

On comprend alors qu’il est tout à fait possible, au bout d’un certain temps, de présenter tous les symptômes de la cystite, sans pour autant avoir de germes dans les urines relevés aux examens.

Les solutions proposées par le naturopathe contre les cystites chroniques

Afin d’enrayer ce cercle infernal : cystites = antibiotiques = mycoses vaginales = antifongique = cystites, on arrête tout et on reprend depuis le début !  

Voici les axes principaux de rééquilibrage que l’on travaille en naturopathie :

-         Alimentation

-         Gestion du stress

-         Gestion de l’inflammation (par exemple Endométriose, SPM (syndrome prémenstruel), SOPK (syndrome des ovaires polykystiques),

-         Hormonal (thyroïde, préménopause et ménopause…)

-         Digestif (SII, SIBO, candidose digestive, SIFO, intolérances alimentaires)

-         Vaginal (microbiote vaginal, sécheresse vaginale, vaginisme…)

Cet accompagnement va s’accompagner de solutions naturelles proposées pour stopper les crises, réduire la sensation de pesanteur et d’irritation permanente au niveau de la sphère vaginale.

Un protocole adapté spécifiquement à votre cas vous sera proposé pour détruire le biofilm pathogène, réduire les inflammations, et rééquilibrer à la fois le microbiote intestinal et vaginal.

Plus particulièrement pour une cystite bactérienne on proposera :

-         la D-Mannose (sucre naturel capable d’intervenir au niveau des bactéries libérées par le biofilm en provoquant leur élimination et en empêchant leur adhésion sur la paroi de la vessie,

-         La N-AcétylCystéine (NAC) qui est un dérivé soufré de l’acide aminé L-cystéine pour détruire le biofilm

-         La Lactoferrine, naturellement présente dans la muqueuse vaginale. Cette substance a une action antibactérienne, antifongique, antivirale et antiparasitaire, et un important modulateur de l’inflammation.

-         L’acide lactique, qui a pour rôle de baisser le pH de l’urine favorisant un environnement hostile au développement de la plupart des bactéries pathogènes comme l’E. Coli.

 

Dans certains cas les huiles essentielles sont très intéressantes, -à condition de respecter le mode de prise et de prendre les précautions nécessaires- comme l’huile essentielle de sarriette des montagnes, d’aneth, de cajeput, ou encore d’arbre à thé.

Vous l’avez compris, dans l’hypothèse où vous vous retrouvez dans cet article, que les antibiotiques n’ont plus aucun effet sur vos crises, n’hésitez pas à me consulter.


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