Maladie méconnue, mais largement répandue
Fatigue, troubles digestifs, envies de sucre et/ou de pain, langue blanche, mycoses vaginales… et si c’était une candidose ? Cette maladie, mal diagnostiquée ou voire carrément ignorée, est bien plus répandue qu’on ne le croit. Malheureusement, faute d’études fiables, les chiffres pour la France sont inexistants, mais une majeure partie de la population française en souffre, et ce dans le silence absolu.
Le champignon est particulièrement difficile à détecter car ses conséquences dans l’organisme sont multiples. En effet, sous forme de moisissure, il se déplace dans tout l’organisme à travers le réseau sanguin. Il a la particularité de se coller sur différents types de cellules corporelles et provoque différents symptômes tant sur la sphère digestive, cutanée, et du système nerveux.
Qu’est-ce que la Candidose Digestive et le SIFO ?
Tout d’abord il apparaît nécessaire de comprendre ce qui habite normalement nos intestins. Un monde invisible et pourtant tellement important. Une multitude de bactéries, des champignons et même des virus.
Selon l’INSERM, notre tube digestif abrite pas moins de 1013 (+100 milliards) de micro-organismes, soit autant que le nombre de cellules qui constituent notre corps. Cet ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes constitue notre microbiote intestinal (ou flore intestinale). Et comme une empreinte digitale, le microbiote intestinal est propre à chaque individu.
Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon, réparti entre la lumière du tube digestif et le biofilm protecteur formé par le mucus intestinal qui recouvre sa paroi intérieure, la muqueuse intestinale.
Les différents individus qui composent le microbiote intestinal (bactéries, virus, champignons), lorsqu’ils sont suffisamment diversifiés nous garantissent le bon fonctionnement de notre système immunitaire.
On parle de candidose lorsque le candida albicans (champignon le plus courant), se développe anormalement dans le système digestif. En tant qu’organisme saprophyte cet organisme se nourrit de matières organiques en décomposition. Le champignon se conduit alors comme un véritable prédateur, prêt à s’approprier votre système digestif, puis d’autres organes de votre corps, et surtout, commander à votre cerveau comment le nourrir !
En effet, les personnes ayant une candidose déclarent généralement avoir de fortes envies de sucres et/ou de pain… Inutile de culpabiliser vous n’êtes pas en mesure de lutter !
Candidose digestive ou SIFO ?
La Candidose Digestive est un trouble causé par la présence excessive de champignons pathogènes qui touche principalement la flore de fermentation dans le côlon ascendant.
Les symptômes de la Candidose Digestive concernent plus particulièrement le sphère basse des intestins : diarrhées, irritations, démangeaisons anales, hémorroïdes, mycoses vaginales pour les femmes.
Le SIFO (Small Intestinal Fungal Overgrow) concerne la présence excessive de ces champignons au niveau de l’Intestin Grêle. En conséquences les symptômes vont se concentrer majoritairement sur la sphère haute intestinale : Reflux gastro-oesophagien, nausées, pertes d'équilibre, vertiges, confusion mentale....
Ces champignons pathogènes souvent le plus souvent des Candida Albicans, mais il possible également d’avoir des Candida Glabatra ou encore des Candida Parapsilosis beaucoup plus rares.
La présence de ces champignons en surnombre libère des toxines et perturbe considérablement le système digestif en provoquant, dans la plupart des cas, des diarrhées mais également d’autres symptômes.
Même si l’on distingue la Candidose Digestive du SIFO pour les raisons que nous avons vu précédemment, pour une meilleure compréhension de ce qui suit, j’utiliserai le terme « Candidose » pour regrouper les deux.
Quelles sont les causes de ce déséquilibre ?
La Candidose ne survient pas du jour au lendemain ni toute seule. Elle est la conséquence d’un déséquilibre installé progressivement dans votre organisme, le déséquilibre acido-basique. Revenons à l’origine du problème.
Tout comme nos cellules, notre flore intestinale est en perpétuel mouvement : chaque instant, des bactéries meurent et d'autres naissent.
Pour lui garantir un bon renouvellement, notre flore a besoin de carburant : fibres alimentaires, vitamines, minéraux et oligo-éléments contenus dans une alimentation équilibrée. Pour assurer l’assimilation des ces nutriments, c’est là que la muqueuse intestinale entre en jeu. Elle assure un rôle primordial de barrière aux éléments extérieurs qui ne doivent pas pénétrer dans le système digestif : microparticules alimentaires, virus, bactéries pathologiques, champignons.
La muqueuse intestinale est en quelque sorte la « gardienne » de notre microbiote intestinal.
Lorsque, pour les raisons que nous allons développer, la muqueuse s’abime, le microbiote s’appauvrit. On parle alors d’hyperperméabilité intestinale -ou porosité-, c’est-à-dire que la muqueuse ne peut plus faire office de « toit protecteur » de notre flore. Celle-ci n’est plus suffisamment diversifiée pour neutraliser les éléments potentiellement pathogènes. Comme notre Candida Albicans est un opportuniste, il va très rapidement profiter de l’espace disponible laissé par les bactéries non renouvelées pour se développer.
L’équilibre acido-basique
Toutes les cellules de notre corps baignent dans un milieu aqueux (sang, lymphe) qui doit pour assurer la vie de la cellule et son renouvellement, être ni trop acide, ni trop alcalin.
Le pH est neutre lorsqu’il est à 7. Un pH moyen inférieur à 6,5 traduit la présence d’acidité. Plus le pH est bas, plus l’acidité sera forte.
Face à une source trop importante d’acidité dans l’organisme, pour assurer leur survie, les cellules vont alors pomper les ressources minérales disponibles, provoquant une déminéralisation globalede l’organisme avec des carences en magnésium, calcium, potassium et des oligo-éléments comme le Fer, le Zinc ou le Cuivre.
Les causes de ce déséquilibre sont le plus souvent multifactorielles. Il est rare qu’un seul événement soit responsable de ce déséquilibre. Dans la plupart des cas, plusieurs événements tels que ceux qui suivent, se succèdent :
- Le stress, choc émotionnel, anxiété, angoisses, chocs émotionnels…
- Une alimentation pro-inflammatoire
- Les antibiotiques trop fréquents et traitements à la cortisone
- Les perturbateurs endocriniens : pesticides additifs alimentaires, cosmétiques, environnement…
- Les cycles et traitements hormonaux, l’endométriose
- Les troubles du comportement alimentaire : anorexie, boulimie…
Conséquences du déséquilibre acido-basique
Ce déséquilibre provoque, outre les carences en minéraux et oligo-éléments, une situation inflammatoire dans l’organisme et surtout détruit la flore bactérienne présente dans les intestins.
Les schémas suivants (la Maison Digestive) illustrent le processus de candidose digestive et ses conséquences sur l’organisme
Dans le 1er schéma, on observe le double rôle de la muqueuse intestinale (le toit de votre maison digestive) : un rôle de barrière aux éléments indésirables comme les virus, les microparticules alimentaires, les champignons ou les bactéries trop agressives, et à la fois un rôle d’assimilation des vitamines, minéraux et oligo-éléments pour nourrir le microbiote.
Lorsque la muqueuse s’abîme, il y a présence d’hyperperméabilité intestinale (schéma 2) :
Les conséquences de l’hyperperméabilité Intestinale :
- Déséquilibre et appauvrissement de la flore intestinale,
- Affaiblissement du système immunitaire
- Candidose digestive, mycoses vaginales, cystites, reflux gastro-oesophagien (RGO)
- Maladies chroniques et/ou inflammatoires
- Maladies auto-immunes
- Diabète…
Et la Candidose s’installe
Concernant la Candidose, on comprend très bien que le Candida Albicans, véritable opportuniste, profite largement de ce terrain fragilisé pour coloniser et se répandre, dans les voies digestives.
Tout comme l’Escherichia Coli, responsable des cystites, ou l’Helicobacter Pylori qui lui, provoque des reflux gastro-oesophagiens ou des gastrites et même des ulcères, le Candida Albicans agit comme une bande « velcro », c’est-à-dire qu’il s’accroche à l’aide de son réseau de filaments mycéliens. La prolifération filamenteuse est très résistante et recouvre les surfaces d’une couche adhésive, le « biofilm », qui se développe au détriment des autres bactéries.
Dès lors qu’il en a l’opportunité, c’est-à-dire qu’il n’y a plus suffisamment de bactéries pour le contrer, le Candida Albicans saisit l’occasion pour prendre le pouvoir sur votre flore intestinale et même votre organisme tout entier.
Les symptômes de la Candidose
Vous pouvez reconnaître l’un ou l’autre de ces symptômes, mais sachez que si vous en avez au moins 4, il est nécessaire de consulter :
- Troubles digestifs récurrents : ballonnements, gaz, constipation et/ou diarrhées
- Mycoses vaginales chroniques (+ de 4 / an), aux ongles de pieds ou entre les doigts de pieds,
- Irritations ou démangeaisons vaginales ou anales
- Fatigue chronique
- Langue blanche, bouche sèche, mauvaise haleine
- RGO
- Infections urinaires / cystites chroniques (+ de 4/ an)
- Nausées
- Envies de sucres et/ou de pain
- Règles abondantes et douloureuses, irrégulières
- Endométriose
- Perte de libido
- Points noirs devant les yeux, vision troublée
- Sensation de lourdeur, de confusion mentale ou sensation de planer
- Difficultés de concentration
- Sensation de pression sur les oreilles
- Perte d’équilibre, vertiges
- Démangeaisons multiples
- Eruptions cutanées, eczéma, psoriasis
- Hémorroïdes
Les Tests & Analyses
Il existe un test « maison » assez simple à réaliser : le test de la salive. Il suffit de déposer de la salive le matin au réveil (pour une meilleure efficacité) dans un verre d’eau à température ambiante. Si au bout de 30 mn, la salive reste à surface, il n’y a, a priori pas de prolifération de Candida Albicans, si au contraire la salive tombe au fond du verre avec présence de filaments, c’est le signe de la présence du champignon. Bien entendu, ce test n’est pas médical, mais il peut vous donner une piste pour aller plus loin.
Des questionnaires gratuits sont disponibles en ligne pour déterminer la présence d’une candidose chronique. Le plus connu, celui du Dr Philippe Gaston Besson, vous donnera une idée plus précise du degré de la présence de candidose dans vos intestins :
https://www.bio-infos-sante.fr/test/candidose-chronique-questionnaire-devaluation/
Enfin, certains laboratoires en Belgique, les laboratoires Barbier ou Lims proposent des tests à faire à distance pour un prix d’environ 90€. Ces tests sont très fiables et ils peuvent s’avérer nécessaires en cas de doute.
https://www.laboratoirebarbier.bio/bilans_specialises/serologie-anticorps-anti-candida/
https://lims-mbnext.eu/bilans-dinvestigation-preventive/candidose/
Quelles solutions naturelles contre la Candidose ?
Pour qu’elle soit efficace et durable, la prise en charge de la Candidose repose sur plusieurs axes :
L’Alimentation
Une adaptation de votre alimentation est bien entendu une priorité ! En effet, il ne servira à rien de vous supplémenter en compléments alimentaires si vous ne supprimez pas, en premier lieu, les sucres rapides et les levures, et surtout une alimentation pro-inflammatoire.
Concernant ces conseils alimentaires, je constate trop souvent que les conseils donnés par certains thérapeutes sont beaucoup trop restrictifs. Supprimer intégralement le gluten, tous les produits laitiers, et tous les sucres est à mon avis une hérésie.
Ces régimes isolent socialement, et provoquent souvent frustration, voire dépression. Les efforts démesurés des personnes qui l’adoptent sont souvent mal récompensés car ils aboutissent à des échecs. Je suis partisane de corrections alimentaires plus souples en veillant à maintenir une alimentation « plaisir » sans ressentir une frustration. Vous verrez que c’est tout à fait possible !
Le livre « Mycoses vaginales, la méthode naturelle pour s’en libérer » que j’ai publié en janvier 2022, propose, outre des conseils détaillés sur le sujet des mycoses récidivantes, -conséquence directe de la candidose digestive chez les femmes-, un « régime anticandidose » complet avec des recettes intégrées.
Ces recettes ont été conçues préparées avec le plus grand soin en collaboration avec Jeanne Cornevin qui a créé le site : www.manger-sante.com
Le site propose un onglet spécifique « Candidose » qui regroupe un maximum de recettes compatibles avec les restrictions alimentaires que je conseille dans mon livre. De quoi se faire plaisir sans régaler le Candida !
La réparation de la muqueuse intestinale
Cette réparation s’avère indispensable pour favoriser une bonne assimilation des minéraux, une flore riche et diversifiée durablement, et empêcher le développement des champignons. L’acide aminé L. Glutamine est à-même de vous aider à retrouver votre muqueuse intestinale initiale.
Cet acide aminé se trouve naturellement dans les viandes assez grasses et gélatineuses comme le bœuf Bourguignon ou le Pot-Au-Feu, les bouillons d’os, le bouillon de poule non dégraissé, et dans une moindre mesure les jaunes d’œufs et certaines algues comme la Klamath. Comme il est généralement difficile de faire des cures de ces aliments sans provoquer d’autres désagréments, il est préférable d’avoir recours à des compléments alimentaires.
Les compléments alimentaires antifongiques
Le recours à des compléments alimentaires à base d’antifongiques naturels a pour but d’éliminer la surpopulation de Candida présente dans vos intestins. Pour être efficaces, ils doivent inclure des antifongiques puissants comme l’extrait de feuilles d’olivier concentré en oleuropéine, le Lapacho, l’acide caprylique, l’extrait de pépins de pamplemousse, ou encore de l’extrait d’origan.
Les bons probiotiques
Une fois, la surpopulation des champignons maîtrisée et la barrière intestinale resserrée, il peut s’avérer utile d’enrichir la flore intestinale avec des souches de probiotiques ciblés de la famille des Lactobacillus : L.Helveticus, L.Crispatus, L. Gasseri, L. Rhamnosus ou des probiotiques provenant d’une autre famille de bactéries particulièrement intéressante contre les champignons dans le côlon, les Saccharomyces Boulardii*
*Kaźmierczak-Siedlecka K, Ruszkowski J, Fic M, et al. Saccharomyces boulardii CNCM I-745: A Non-bacterial Microorganism Used as Probiotic Agent in Supporting Treatment of Selected Diseases. Curr Microbiol. 2020.
DOI: 10.1007/s00284-020-02053-9.
Je vous déconseille toutefois de vous lancer dans des cures de compléments sans conseils préalables. Il peut y avoir des contre-indications (femmes enceintes ou allaitantes par exemple), le mode de prise de ces compléments ou la durée doivent être adaptés, et vous risquez de faire des dépenses inutiles si vous les prenez au hasard.
Travailler sur la sphère psychologique et les sources de stress
Une réflexion sérieuse doit être amorcée sur les blocages psychologiques, le stress, les troubles du comportement alimentaire qui sont de véritables sources de déséquilibre de l’acido-basique… Tant que ces troubles subsistent, il s’avère très compliqué de rééquilibrer durablement le système digestif et éliminer la candidose.
Il arrive trop souvent que mes consultantes fassent énormément d’efforts sur leur hygiène de vie, leur alimentation, qu'elles suivent mon protocole à la lettre, mais que le stress, l'anxiété, l’angoisse ou ses traumatismes anciens empêchent son rétablissement.
N'oublions-pas que vous nous sommes une entité pleine, complexe dont chaque cellule est interconnectée. Un rétablissement complet ne peut se faire que sur l'ensemble de notre organisme en rétablissant un équilibre des grands systèmes : nerveux, digestif, endocrinien, circulatoire.
Apprendre à identifier ses erreurs
Sans s’en rendre compte, on peut multiplier les erreurs du quotidien. Par exemple, pour ce qui concerne les mycoses vaginales chroniques, porter des sous-vêtements synthétiques et trop serrés, avoir recours à des tampons et serviettes hygiéniques non bios, plonger dans des piscines traitées au chlore…). Beaucoup de conseils à ce sujet sont développés dans le livre « Mycoses vaginales, la méthode naturelle pour s’en libérer ».
Vous l’avez compris, la Candidose est avant tout le signe d’un grand déséquilibre et d’une situation inflammatoire. Déceler sa présence pose de multiples questions sur les origines de ce déséquilibre. Mauvaise hygiène de vie, stress, prise de médicaments au long cours.
Les personnes atteintes de Candidose sont bien souvent amenées à modifier profondément leurs habitudes de vie.
N’oublions pas que toute maladie, toute manifestation de votre corps est en quelque sorte un langage de détresse qui vous est adressé. Si ces signaux que notre corps nous envoient ne sont pas entendus, la maladie ne pourra qu’empirer. La médecine chinoise fait le lien entre la Candidose et le champs psycho-émotionnel de la connaissance de soi.
En finir avec la Candidose implique donc souvent une introspection profonde et des mesures d’hygiène de vie adoptées de manière pérenne, ce qui ne signifie en aucun cas de se priver des bonnes choses !
Mon ouvrage « Mycoses vaginales, la méthode naturelle pour s’en libérer » est disponible en version numérique ou papier sur toutes les plateformes d’achat comme Amazon, Fnac, Apple, Cultura…